Hommage à Jean MARGAT

Publié par Jean Claude LABROT le

Jean MARGAT

Une cérémonie hommage pour ses 100 ans et
l’auditorium du BRGM nommé en son honneur, le 18 novembre 2024

Nous apprenons au moment de l’édition de ce texte que Jean Margat est décédé le 2 février 2025 dans sa 101ème année.

L’auditorium Jean Margat où l’assistance était attentive aux présentations relatant la carrière exceptionnelle de Jean Margat.

Le BRGM, le Comité Français d’Hydrogéologie de l’Association Internationale des Hydrogéologues et l’amicale du BRGM ont organisé une cérémonie en l’honneur de Jean Margat pour ses 100 ans.

Par cette célébration, ils ont souhaité le remercier pour l’héritage, l’excellence, sa générosité, son humanité, et toutes les connaissances transmises. Jean a laissé au sein de l’établissement l’image d’un pionnier, d’un homme intègre, souriant, apprécié, visionnaire. Il y laisse son nom puisque dorénavant l’auditorium du BRGM le portera.

Plus de 65 ans d’activité scientifique remarquable en hydrogéologie de 1947 à 2014, dont 53 années au BRGM

Diplômé de l’ENSG d’où il sortira ingénieur géologue, Jean Margat débute sa carrière au Service géologique du Maroc dès 1947 où il découvre l’hydrogéologie. Il a été ainsi « sourcier scientifique”, opérant des forages, dressant des bilans hydrauliques, découvrant de nouveaux bassins artésiens au Maroc et dressant des cartes hydrogéologiques.

De retour en France, il intègre le BRGM en 1961, où il crée le département d’hydrogéologie qu’il dirigera pendant 10 ans. Au cours de cette période, il lance, anime puis supervise de nombreuses études et recherches concernant les eaux souterraines. Il initie un programme de cartographie hydrogéologique de la France métropolitaine à petite échelle (1/50 000), en posant les concepts et les préambules des premiers modèles conceptuels de bases de données. Jean Margat peut donc revendiquer une certaine « paternité » des bases de données actuelles, telles ADES et BSS-EAU, relatives aux informations sur les eaux souterraines organisées et gérées par le BRGM et diffusées sur Infoterre. Le programme de cartographie hydrogéologique a très vite évolué vers un référentiel hydrogéologique, le référentiel dit « Margat », en 1980, afin de répondre aux attentes des gestionnaires de l’eau. Les premières cartes du découpage hydrogéologique de la France métropolitaine en systèmes aquifères ont été publiées entre 1976 et 1980, accompagnées de fiches descriptives. Le programme de cartographie systématique à l’échelle du 1/50 000 a été abandonné au profit d’un référentiel, qui constitue les bases du référentiel actuel BDLISA (Base de Données des Limites des Systèmes Aquifères). Les jeunes hydrogéologues qui ont publié la nouvelle carte hydrogéologique de la France à 1/1 000 000e en 2015 ont nommé le référentiel BDLISA en hommage à ce pionnier de l’hydrogéologie qui a participé à la création du club des amis de la Joconde. Par ailleurs, Jean Margat a collecté plus de 11 000 objets jocondiens, légués au musée du Louvre, dédiés à Mona LISA, dont certains qu’il a créés dans le sillage de Boris Vian ou Raymond Queneau, en ridiculisant l’idolâtrie associée au tableau, la « jocondoclastie ». Jean Margat commence par collectionner tous les objets sur La Joconde de Léonard de Vinci, puis entreprend ensuite un long travail sur la déconstruction de l’image de la célèbre Mona Lisa à l’aide de matières et d’objets surprenants.

Il prend sa retraite en 1989 mais ses activités scientifiques se sont poursuivies en s’orientant notamment vers les comptes de l’eau à différentes échelles, régionale, nationale mais aussi internationale. En tant que consultant pour le Plan Bleu, l’Institut méditerranéen de l’eau, l’Unesco, la Banque mondiale, le PNUD mais aussi la FAO, il dresse des atlas et des synthèses mettant en valeur l’importance des eaux souterraines et leurs usages, en publiant de nombreux documents pédagogiques. Les travaux de Jean Margat ont permis de dresser et d’appliquer des concepts fort utiles pour la gestion durable des ressources en eaux souterraines à l’échelle d’un pays, d’une région ou d’un bassin versant, en France mais aussi à l’étranger.

Ce sont donc plus de 65 années d’activité scientifique qu’il faut saluer et qui ont laissé des empreintes importantes en hydrogéologie moderne, en France et à l’international. Une activité pour laquelle il a reçu le prix international des sciences hydrologiques en 2008, décerné pour la première fois à un hydrogéologue, en complément d’autres distinctions dont le prix du Président 2006 de l’Association Internationale des Hydrogéologues, le prix Henri Milon de la Société hydrotechnique de France en 1961, le prix Louis Barrabé de la Société géologique de France en 1981.

Laurence Chery 

La plaque de l’auditorium dévoilée en présence de Catherine Lagneau PDG et Christophe Poinssot directeur délégué du BRGM. Trois professeurs des universités marocaines étaient venus pour remercier Jean de l’ensemble de ses études au Maroc, son deuxième pays d’adoption : Prof Bouabid El Mansouri, Kenitra ; Fouad Amraoui, Casablanca ; Lhoussaine Bouchaou, Agadir.

 

 

Catégories : Amicale BRGM

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